jeudi 17 avril 2008

J'fais mon Soral...

Ah oui, je sais, ça fait longtemps. Mais c'est parce que c'est un blog sur la colère et que ça fait donc longtemps que j'avais pas été en colère. C'est dire si j'ai une vie merveilleuse.

Mais là je suis un peu en colère : on a une loi sur l'anorexie.

En fait, qu'on ait une loi sur l'anorexie, je m'en fous un peu, je suis pas anorexique. En revanche, ce qui me fout la gerbe (anorexie/gerbe, humour), c'est qu'on essaie de nous tirer les larmes sur les 40.000 moribondes et qu'on essaie de nous faire passer cette maladie de privilégiées pour le mal du siècle.
Eh bien non, l'anorexie n'est pas le mal du siècle, loin de là.

L'anorexie est une maladie qui touche essentiellement des petites bourgeoises, c'est donc une maladie de riches et comme la plupart des Français ne sont pas riches, la plupart des Français est en droit de se battre les couilles de l'anorexie.

Le fond du problème, on oublie trop souvent - à dessein - de le rappeler, c'est que pour qu'il y ait refus de nourriture, il faut déjà qu'il y ait nourriture. En abondance, même, puisque ce refus de nourriture ne peut se produire que lorsque la question de se nourrir est devenue une telle évidence qu'elle ne se pose même plus. Voilà pourquoi nos pauvres anorexiques ont ce luxe suprême de refuser de manger tandis que d'autres, dans quelque autre pays que nous ne connaissons pas tant nous y sommes indifférents, se demandent ce qu'ils vont pouvoir trouver à manger dans la journée pour être encore en vie le lendemain matin.
Ça, c'est pour le problème sous l'angle sociologique.

Pour l'angle psychologique, que faut-il pour qu'une jeune fille décide du jour au lendemain qu'elle est définitivement trop grosse et que sa vie va désormais se focaliser sur une seule chose : maigrir ?
Ce qu'il faut, c'est que cette jeune fille n'ait AUCUN AUTRE PUTAIN DE PROBLEME que son apparence physique. C'est dire la malheureuse, hein, pas de problème pour se nourrir, pour se loger, pour se vêtir, pour aller à l'école, pour faire du MSN avec ses copines, pour avoir un téléphone portable. Voilà, une fois que tous les problèmes essentiels ont été réglés, qu'est-ce qu'on va bien pouvoir faire pour se rendre intéressante ?
Tu veux maigrir à en mourir, qu'est-ce qu'on en a à foutre ? Les anorexiques, comme toutes les personnes obsédées par leur apparence physique, sont le niveau zéro de la production. D'ailleurs elles font même pas caca, c'est dire si elles sont incapables de produire quoi que ce soit.
Elles consomment pas non plus, en tout cas pas en bouffe, bref, elles sont absolument inutiles à la société. Et tu voudrais que je chiale ?

Alors on nous dit que c'est la faute des mannequins qu'on nous impose jeunes, grandes et maigres. Quelle blague ! T'es déjà allé faire un tour chez Zara ? Que des petites grosses et vieilles. Bonjour l'influence de la pub !
Alors on nous dit que le drame c'est ces agences de mannequins qui demandent une "taille zéro" et forcent les filles à mincir plus que de raison. Non, le drame c'est qu'on paie des milliers d'euros des connasses qui ne sont rien que des portemanteaux, qui sont le degré zéro d'utilité sociale et qui vont se maquer à 20 ans avec un vieux millionnaire qui les dispensera de se soucier de tous les problèmes du René de base qui lutte pour pouvoir se loger avec son SMIC de merde.
Le problème c'est qu'il y a des nanas qui n'ont qu'un seul rêve : devenir mannequin, et qu'elles sont prêtes à tous les sacrifices pour cela. Ah, il est beau le rêve, "mannequin". Jouer avec ses cheveux devant un appareil photo alors qu'on a même pas besoin d'être belle à l'ère de la retouche photo numérique.

Et tu veux que je chiale ?

A la limite, je peux concevoir l'anorexie comme un combat subversif à l'heure où chaque plage de pub nous invite à nous en mettre toujours plus dans le bide et sur la gueule. Une sorte de grève de la faim pour dire "j'temmerde" à la société de consommation. Soit. Mais ton combat, tu l'as choisi, tu l'assumes.
Sauf que bien évidemment, aucune notion de combat là-dedans, juste des écervelées qui ont décidé de prouver à quel point les anorexiques sont au moins aussi connes que les autres, détruisant le mythe de "l'anorexique est une fille supérieurement intelligente". Non, mon con. Les gens "supérieurement intelligents", ils pondent des équations qui envoient des fusées dans l'espace et des bombes atomiques sur la gueule des civils. Tu connais un prix Nobel anorexique ? Un prof de maths anorexique ? Un polyglotte anorexique ? Un bon écrivain anorexique ?

Les sites "pro-ana" sont dangereux ? Assurément. Tant qu'il y aura des connes pour y croire. A ce titre, je préférerais une loi pour lutter contre la connerie. Ah ben oui, ça voudrait dire se tirer une balle dans la pied, je sais.

Tout ça pour te dire que j'éprouve autant d'empathie envers les anorexiques qu'envers les Tibétains et que j'aimerais qu'on arrête un peu de nous gonfler avec ces privilégiés de merde pendant qu'on encule à sec les pays d'Afrique dont, vous avez remarqué, on ne nous parle plus depuis un bout de temps, c'est donc que tout doit bien aller chez eux...

10 commentaires:

BEBOPER a dit…

Ha! Ha! HA!
De l'acidité, de l'humour, de la mauvaise foi, de l'arrogance, du coup d'oeil, du bon sens, de la niaque: on ne s'en lasse pas (surtout que TU BRANLES RIEN depuis septembre).
L'exercice "jamais content", c'est quand même une spécialité nationale dont les barbares ne goûtent pas la saveur. Je vais regarder de quoi traite cette loi (qui m'a encore l'air d'une trouvaille) pour, moi aussi, avoir quelque chose à dire sur le sujet !!

Anonyme a dit…

Euh... excuse-moi, mec, j'aime bien tes blogs et j'ai pas très envie de troller, mais faut que tu te renseignes un minimum, quand même, parce que là on se croirait sur Yahoo Questions/réponses.

Il y a pas mal de bonnes raisons de se foutre de la gueule de cette loi ou de se faire un petit lâchage sur le sujet, mais ton post est complètement à côté de la plaque.

Anonyme a dit…

Déjà, il faut par principe faire un reset mémoriel sur tout ce qui comporte le mot "du siècle". C'est valable aussi pour "le meilleur de sa génération". Ca fausse tout le débat.

Ensuite, dire d'un mal qu'il est ridicule, stupide, vain, pathétique simplement parce qu'il ne concerne que la classe bourgeoise de la population, c'est un peu cono, je veux dire sinon faut revenir sur 100 ans de psy et même de bouquins sur la dépression. Et le fait même de mettre la problématique dans ce sens est assez ridiculous.

Robert Patrick a dit…

L'anorexie, comme le cancer, est un luxe. Point-barre.
A partir de là, il me semble pour le moins raisonnable que la France trouve d'autres priorités dans sa politique de santé. Je ne dis pas qu'il ne faut pas s'occuper des anorexiques, y a des psys qui ont besoin de payer leur loyer comme tout le monde, et puis ça fera des lits d'hôpital dispos pour les gens qui n'ont pas choisi d'être malade (bras coupés, accidents de voiture,tout ça...), je dis juste que nous donner des chiffres et vouloir attirer l'attention sur le problème comme s'il était important c'est du foutage de gueule.
Mais puisqu'on en arrive à une loi sur le sujet, ça prouve au moins que ça marche. Bien joué les mecs.

Robert Patrick a dit…

@tom : en l'occurrence la loi semble plutôt bien foutue. Ce n'est pas la loi qui me gêne, mais le pathos qui demande à l'état de le gérer. Cette façon pornographique de demander à l'Etat le plus de moyens là où il y en aurait le moins besoin, reléguant d'autres causes éventuellement plus importantes plus loin sur la liste d'attente. Cette façon procédurière de vouloir des lois pour tout qui fait qu'aujourd'hui si tu veux pouvoir dire ce que tu penses en France sans te manger un procès t'es obligé d'avoir ton blog à l'étranger. Dont acte.

Robert Patrick a dit…

@Kamui : au contraire, et c'est là le point-clef il me semble, s'il y a UN SEUL PUTAIN DE TRUC que la psychologie/psychanalyse a prouvé depuis 100 ans, c'est que les problèmes psys ne venaient pas "de la société", "des publicité avec des mannequins toutes maigres" ou "des jeux vidéos", mais à 99% de la famille.
Je te renvoie au célèbre procès de Judas Priest...

Donc que des familles d'anorexiques incitent l'Etat à légiférer sur un domaine qui ne concerne que la sphère privée, au lieu d'aller consulter, voilà qui ne mérite que mon mépris et mon indignation.

Anonyme a dit…

Si comme toujours j'aime ton mauvais esprit, je trouve dommage que tu échange un pathos par un autre.

L'exemple de la sale gosse qui vit comme une reine en France par rapport au 3/4 du reste du monde et qui ferait mieux de faire une petite introspection avant de jouer les malheureuses, c'est certes pas faux mais c'est vrai aussi pour le René de base qui lutte pour pouvoir se loger avec son SMIC de merde et qui gueule pour son pouvoir d'achat...parce que lui aussi il vit comme un prince par rapport à 3/4 de la planète.

La vérité, c'est que les gens s'intéressent à ce qui est proche d'eux.
Ils ont peur de l'anorexie en France car ils ont peur pour leur gamines, le fait qu'il y ait des petites chinoises qui bossent dans des usines ou des petites africaines qui meurent de faim ça ne les touchent pas directement. Tout comme le smicard français il n'a que faire que de la situation d'un ouvrier roumain de chez Dacia par exemple.

Pour ce qui de l'utilité de la mode et des mannequins, on pourrait dire la même chose du monde du sport, de l'art, du cinéma etc...parce si on y va par là, c'est honteux aussi de dépenser du fric à la création d'une expo, d'un film, d'un jeu vidéo pendant que de pauvres gens souffrent.

Après tu peux te plaindre que les gens c'est rien que des sales cons et qu'avec un satrape éclairé comme toi à sa tête, le monde se porterait bien mieux (camps de travail pour les cons, permis pour la reproduction, etc... ^^) mais alors en ce cas faut lâcher le pad de ta ps2 et commencer les préparatifs de ta marche sur Paris ;)

BEBOPER a dit…

Bordel, arrêtez d'être concernés! Chaque fois qu'une loi est proposée, qu'un sujet ou un autre fait la une de l'actu, on trouve des gonzes qui font comme si c'était "important" d'avoir un avis dessus... Des gens meurent volontairement de faim au milieu des supermarchés : voilà un sujet épatant de comique! Tous avec NOX!
Selon les députés qui proposent la loi (http://www.assemblee-nationale.fr/12/propositions/pion3481.asp) nous ne sommes pas vraiment devant une hécatombe: d'après des "estimations", et en suivant les chiffres avancés, 0,03% des adolescents touchés(ées) risquent d'y rester... Bien sur que c'est triste, bien sûr que c'est idiot, bien sûr que des gens souffrent, mais c'est la même chose avec TOUS les problèmes susceptibles d'intéresser un jour le journal de 20H... On n'interdit pas la promotion des super bagnoles 200CV avec lesquelles de cons en plus grand nombre vont aller se tuer le week end de Pâques, alors pourquoi interdire les sites de tarés qui préfèrent une silhouette de taupe modèle toute en ossements à celles de nos chères nanas-de-la-vie-normale, pleines de coins grassouillets où poser l'oeil?
Comme aujourd'hui il faut un responsable à tout, même quand un pigeon te chie sur la casquette, on va faire porter le chapeau à des sites internet (certes débiles et laids comme des poux), dédouanant ainsi la RESPONSABILITE INDIVIDUELLE des principaux acteurs de la farce. Hé merde!

Anonyme a dit…

@Nox:
On est bien d'accord que la famille et l'environnement proche (éducatif & social) est la source des nevroses du cosmos, bien plus que tout phénomène culturel passager. On est donc d'accord que c'est une pathologie qui relève du médical... mais mais.
ton indignation et ton mépris, bon, bah je te dirais "lève ton petit poing"... Je veux dire, on est un des pays qui légifère le plus au monde. Sur tout et n'importe quoi. A tel point qu'à force de réguler tout, bah toutes ces lois sont vidées de leur sens. Je parle d'un point de vue pratique, pas éthique ni rien. Donc s'indigner pour ça: pas la peine imho. A cela, il faut ajouter les reglementations européenes, et là c'est encore pire. Donc, is it worth ? C'est comme légiférer le suicide.

ElieDeLeuze a dit…

Les anorexiques refusent surtout de grandir, car elles ne sont pas contre leur vie de gamine déresponsabilisées qui prennent le lycée pour le ventre de leur mère même si elles ne sucent pas que leur pouce.
La vie, c'est grandir ou mourir. Et c'est très bien comme ça.